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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 19:41

logo_vsd2010-copie-1.jpgUne petite chronique en forme de journal de bord pour vous raconter les différentes étapes du concours qui a permis aux MEURTRIERS DE DIEU d’être publié et de devenir le coup de cœur de Yann Queffeléc. A l’usage de tous mais avec une pensée chaleureuse à tous les membres de Threeleurre, aux autres candidats de l’édition 2010 et à ceux des futures éditions.

Un après-midi ensoleillé de novembre 2009.

Les inscriptions pour le prix du polar VSD sont lancées. Cette année, il est parrainé par Yann Queffelec.  Un an que j’attendais cela. L’année dernière, j’étais en « démarche active » et donc  je ne pouvais présenter mon roman. Cette fois, c’est bon. Le résumé est prêt depuis longtemps, j’espère qu’il sera accrocheur. Les champs se remplissent et le manuscrit est envoyé. Les jeux sont faits, rien ne va plus.

J’ai tout de suite apprécié le concept de ce concours. L’idée d’être accepté ou refusé par ceux qui lisent et achètent les livres m’est plaisante. Certains diront que c’est juste une idée populiste pour faire du marketing. Et alors ? Les Nouveaux Auteurs donnent une chance à ceux à qui les autres éditeurs ne font pas ou peu de cadeaux, les prix suscitent l’adhésion de nombreux auteurs et l’intérêt de nombreux lecteurs, j’aurais tort de ne pas tenter ma chance.

Le destin de ce roman est désormais entre les mains d’anonymes éparpillés aux quatre coins de la France. L’attente commence.

28 décembre 2009.

Le mail est arrivé.

EVALUATION ENVISAGEE !

Mes droits sont-ils toujours disponibles ? OUI !

Ils envisagent de lancer l’évaluation le plus rapidement possible, SUPER !

Oui, super, c’est exactement cela. Je suis retenu parmi les 164 autres auteurs qui ont certainement vécus les mêmes choses que moi. Pour certains, l’aventure s’arrête déjà.

La machine est lancée. Elle peut faire de moi un auteur édité, le rêve qui me hante depuis 3 ans. Elle peut aussi broyer mon manuscrit dans son engrenage impitoyable.  C’est le danger mais aussi la règle de ce concours, il faut savoir l’accepter.

Que penseront les lecteurs? Ai-je été assez bon pour leur donner l’envie d’embarquer dans mon radeau ? Ce sont ces nouvelles questions qui vont hanter mon quotidien désormais.

Lundi 25 janvier 2010

Cela fait bientôt un mois que mes nuits sont plus agitées. Pour tous ceux qui ont connu les courriers de refus par paquets dans la boîte à lettres, il est difficile de faire preuve d’un optimisme béat et sans fin.  Pour calmer l’angoisse, je consulte l’excellent blog Threeleurre du non moins excellent FXC  où plusieurs concurrents se retrouvent. C’est une bonne thérapie. 

J’écris même un mail aux Nouveaux Auteurs pour savoir si l’évaluation de mon manuscrit se poursuit. Nous sommes alors le samedi 23 et pourtant une réponse m’arrive dans la soirée, oui, l’évaluation est bien en cours.

Aujourd’hui, j’ouvre ma boîte mail.

Vous êtes finaliste du prix VSD 2010 !

Je relis deux fois. Je tremble. Quelques cigarettes me permettent de toucher terre à nouveau et de pouvoir appeler l’éditeur qui veut me présenter le contrat.

Nous discutons un bon moment, parlons du roman, du concours, de moi, des termes du contrat. Peu d’indices filtrent mais la grande nouvelle est confirmée : je vais être édité ! Le contrat sera envoyé dans la semaine. Il me dit aussi que j’ai éliminé de nombreux concurrents. Oui, mais combien ? Il reste flou et me dit qu’une dizaine est encore en course. Dix pour trois prix.

C’est un soulagement immense que je fêterai dignement quelques jours plus tard. Mais d’autres questions surgissent dont une, obsédante. Quel est mon classement ?

L’attente continue.

Mardi 2 février 2010.

Le blog de FXC est devenu une drogue. Impossible de ne pas le consulter une cinquantaine de fois par jour. Quels sont les autres finalistes ? Combien sont-ils réellement? Pour le moment, un seul s’est manifesté.

Le contrat est arrivé au courrier  vendredi dernier.  Impossible de ne pas être ému en le parcourant. Un vrai contrat, sans vice, sans arnaque. Le rêve devient réalité. Je le relis plusieurs fois et je le paraphe, tout heureux. Il repartira faire le trajet inverse dès le lendemain.

En le renvoyant, j’ai joint un courrier. J’aurai quelques jours de vacances que je peux mettre à profit pour une réécriture si l’éditeur le juge nécessaire. Hier, il m’a laissé un message pour me dire qu’il allait me transmettre une partie des fiches de lecture le plus rapidement possible et qu’on rediscuterait de tout cela mercredi. Certes, il me rappelle que rien n’est décidé mais qu’il est toujours intéressant de pouvoir anticiper les étapes futures.

Aujourd’hui, c’est le grand jour.

Un mail est arrivé avec 14 pièces jointes. Les 14 fiches de lecture. Je vais enfin avoir le retour des membres du jury citoyen. J’ouvre fébrilement.

La première est une claque du genre bien lourde. Pas besoin de lire plus de trois lignes pour comprendre qu’il n’a pas aimé. Le lecteur (Michel) fait sa critique avec style et je comprends ses arguments. Je n’ai simplement pas écrit le genre de roman qu’il aime lire, je n’ai pas à lui en vouloir pour cela. Il me décerne tout de même une moyenne de 5, ce qui est plutôt gentil eut égard à ses propos.

Je retourne à mon ordinateur et j’ouvre la deuxième fiche avec une anxiété accrue, si elles sont toute du même acabit, je saurai déjà que je ne concours plus que pour un accessit.

Et là, les bonnes surprises s’enchaînent. Mon roman a plutôt plu, voire beaucoup plu. Les lecteurs ont visiblement plongés avec plaisir dans ma petite histoire qui se mêle à la grande. De plus, je remarque avec satisfaction que mes notes d’appréciation littéraire sont assez élevées. Je relis la fiche de Michel pour pouvoir savourer uniquement sa plume talentueuse et je fais la moyenne globale rapidement. 8.17 en mélangeant les deux notes et 8.11 si je ne prends en compte que l’appréciation globale. 12 coups de cœur sur les 14 lecteurs. C’est bien plus que je ne pouvais espérer.

Une recherche sur le site des Nouveaux Auteurs m’apprend que le gagnant de l’année dernière avait été primé avec 8.05 en satisfaction globale. Je suis donc au-dessus. Mais, au final, que veut dire cette note ? Pas grand-chose si ce n’est que les membres du comité citoyen ont été bienveillants. Mais qu’est-ce qui empêcheraient les autres fiches d’être moins bonnes ? Qu’est-ce qui empêcheraient d’autres auteurs d’avoir soumis des manuscrits meilleurs que le mien ? Qu’est-ce qui empêcherait un autre auteur d’avoir écrit une histoire qui parle plus à monsieur Queffelec ?

Rien.

Mercredi 3 février 2010.

Le sommeil a été difficile à trouver. Mais est-ce utile de le préciser ?

Je relis les fiches, note les remarques qui reviennent régulièrement et téléphone à l’éditeur.  IL m’accueille en me demandant ce que j’ai pensé des commentaires, je ne peux faire autrement que de lui répondre que c’est une bonne surprise.

Nous parlons des points à améliorer. Il ne juge pas nécessaire de modifier le roman, il suffira de dater les flashbacks qui parcourent le livre. Il faut aussi que je pense aussi à un autre titre car l’ancien n’est pas terrible. Comme il a raison ! Ma semaine de vacances va donc être une vraie semaine de vacances.

L’éditeur me dit que rien n’est encore décidé mais il me demande des éléments qui me laissent penser que le verdict approche. Puis-je lui fournir une bio, un résumé pour la quatrième de couverture, une photo ? Oui, bien sûr. Il veut savoir si j’ai retouché le manuscrit depuis que je lui ai envoyé car si c’est le cas, il faut qu’il l’envoie rapidement à la correctrice qui bosse déjà dessus, il a aussi commencé à rechercher une image pour illustrer la couverture et me demande de me renseigner pour la disponibilité des droits de la couverture des Evangiles de Lindisfarne auprès de la British Library. « Ca mettrait directement dans l’ambiance du livre. Avec un bandeau rouge, ça accrocherait le lecteur ! », me dit-il.

En raccrochant après 45 minutes de conversation, mon cœur ne sait plus comment battre. Ai-je bien entendu ? Un bandeau rouge ? Je fais tout pour ne pas m’enflammer. Après tout, il a certainement demandé tout cela aux autres concurrents. Monsieur Queffelec aura-t-il apprécié l’histoire que j’ai contée ? Ce concours est décidément bien stressant.

Ma décision est prise : mon prix pour le meilleur créateur de suspense 2010 revient à Mr Poitevin, mon éditeur. Je ne lui arrive pas à la cheville.

Mardi 9 février 2010.

J’ai envoyé les éléments à l’éditeur, il m’a juste demandé de refaire une photo en étant plus décontracté. Ce fut difficile mais j’ai réussi à lui fournir. Hormis cela, pas d’écho du concours. Sur le blog de FXC, les gens se posent de nombreuses questions, les informations contradictoires fusent de toutes parts. On sent la tension monter et c’est peut-être ce que veut l’éditeur, après tout.

Mais ce concours incite à la paranoïa la plus totale. Je ne sais plus quoi penser. Mes notes sont élevées, c’est un fait, mais je n’ai pas la moindre idée du niveau des autres. L’éditeur m’a demandé des éléments, il m’a parlé de la couverture et m’a transmis les fiches de lecture mais il a certainement demandé cela aux autres finalistes. 

J’ai compris ce qui rend ce concours stressant. Ce n’est pas juste une édition, c’est aussi la possibilité d’avoir un gros éclairage et une grosse diffusion qui accélère vraiment un début carrière. Cette chance ne se présente qu’une fois et, la rater, c’est passer à côté de la possibilité d’intéresser un maximum de lecteurs et de pouvoir partager avec eux les méandres de notre imagination.

J’hésite à passer un coup de fil pour avoir des informations fraîches de vive voix.

Je verrai demain.

Mercredi 10 février 2010.

Ce matin, en allant au tabac, j’ai appris que j’avais gagné à l’Euromillion. Certes, ce n’est que 10,25€, mais la chance pourra-t-elle me poursuivre éternellement ? Une mauvaise nouvelle va forcément arriver.

Je n’ai pas eu le courage d’appeler aujourd’hui.

J’ai passé ma journée à essayer de créer ce blog, ça permet de penser à autre chose.

Il est 18 heures 37. « Pourquoi ça bloque quand je veux mettre une photo ! ». Le téléphone sonne, c’est Mr Poitevin. Mon cœur tressaute. Il me dit qu’il a bien reçu les éléments puis s’interrompt soudain.

« En fait je ne vous appelle pas du tout pour ça. »

Silence angoissé

« Vous êtes assis ? »

« Je crois, oui. »

« Le jury s’est réuni. Vous êtes le coup de cœur Queffelec ! »

Tout se bouscule. Je crois avoir dit merci une bonne quarantaine de fois. Dans un mois, mon livre sera en librairie avec un titre définitivement à revoir puisque Yann Queffelec aurait dit, d’après mon éditeur, « Le titre est à chier ! ». Mieux vaut qu’il dise cela du titre et pas du contenu.

La semaine prochaine va être chargée avec la dernière relecture avant impression. La remise des prix est prévue le 8 mars à Paris en compagnie des  autres lauréats. Le gagnant est une gagnante et c’est très bien que la gente féminine soit enfin récompensée dans ce concours. Le troisième, je l’apprendrai le lendemain, est un de mes compagnons de Threeleurre. Je suis ravi pour lui mais je ne peux pas le lui dire car j’ai l’obligation de tenir ma langue jusqu’à la prononciation officielle des résultats. Je visiterai Threeleurre en anonyme mais je leur dédie ce compte rendu avec une pensée particulière pour Jack à qui la chance n’a pas souri.

Je sabre le champagne, évidemment, mais j’ai encore du mal à réaliser. Je pense que ça me frappera au visage, brutalement, quand j’aurai le livre dans mes mains.

J’ai déjà beaucoup gagné dans ce concours. D’abord mon roman a plu aux membres du comité de lecture citoyen bien au-delà de mes espérances. Et puis, cerise sur le gâteau, il a aussi parlé à monsieur Queffelec. C’était, pour moi, inespéré. Pensez-donc ! Un gagnant du Prix Goncourt, un écrivain reconnu, exigeant et productif qui va associer son nom au votre. C’est excitant, intriguant et quelque part angoissant. J’espère être à la hauteur. Je suis très curieux de savoir en détail ce qu’il a pensé du livre et très impatient de discuter avec lui à l’occasion de la remise des prix.

A l’occasion de l’interview qu’il avait accordée à VSD pour le lancement du concours, Yann Queffelec disait :

« Je suis certain que pour faire un bon livre, il faut avoir envie de croiser le regard de quelqu’un qu’on ne voit pas et de lui raconter une histoire. Quand Céline disait : « La littérature, c’est quelque chose qu’on vous chuchote à l’oreille », il ne disait strictement rien d’autre. Il s’agit d’envoûter avec une histoire universelle mais il faut avoir la force et le courage de la raconter. La violence en littérature, dont on m’a fait reproche, n’a aucune espèce d’importance. Cette violence catalyse des forces souterraines dont nous sommes porteurs. En les catalysant, en les fixant, on les guérit. Il y a une catharsis comme ça, par la violence littéraire du roman policier qui est un pur bonheur. La violence en littérature peut être un baume. »

J’espère avoir répondu à ses attentes…

 

Lundi 22 février 2010.

 

La semaine a effectivement été chargée.

Mardi : Nous avons rediscuté du titre possible avec Mr Poitevin.

Mercredi : Journée assez calme sauf au moment où je vérifie mes mails avant de me coucher. Sophie, la correctrice vient de m’envoyer un fichier où elle me demande quelques précisions. Je revoie ça dans la nuit et lui transmets dans la foulée.

Jeudi : Sophie m’appelle pour finaliser sa correction, elle doit la rendre pour le lendemain matin. Elle me rappellera une dernière fois peu avant minuit, la voix fatiguée. Merci pour tout le travail que vous avez fourni et pour vos commentaires flatteurs, Sophie !

Entre deux, j’ai eu mon éditeur qui m’apprend une multitude de bonnes nouvelles dont celle-ci : le titre est trouvé, pour être plus précis c’est Yann Queffeléc lui-même qui l’a trouvé. LES MEURTRIERS DE DIEU. Un lauréat du prix Goncourt qui titre votre roman, ce concours est décidemment un rêve éveillé…

Vendredi : Je suis sur les starting-blocks mais ma boîte mail refuse de me transmettre dans les temps les fichiers que m’a envoyé l’éditeur. Résultats, nous faisons les dernières corrections par téléphone et je ne verrai pas la couverture tout de suite. Il m’envoit un texto à 23 heures passée : Mise en page terminée, bonne chance à « Les Meurtriers de Dieu ».

Samedi : Enfin les fichiers sont arrivés. Je peux voir la couverture. Grand moment d’émotion, je crois que je commence à réaliser. Je commence à lire le fichier.

Dimanche : Petit coup de stress, je remarque que j’ai laissé passer deux erreurs de continuité. Mr Poitevin est même disponible le dimanche. Mais quand dort-il ?

Lundi : Les erreurs ont pu être corrigées avant l’envoi à l’imprimeur. Ouf ! Merci à Ben le maquettiste et surtout merci Jean-Laurent pour tout l’excellent travail que tu as fourni !

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commentaires

D
<br /> Salut Jean !<br /> On ne se connait pas, mais sache que j'ai lu tous les articles de ton blog avec intérêt.<br /> J'ai une question très précise à te poser : tu parles ici de 14 fiches de lecture, or, sur le site des Nouveaux Auteurs, tu en as 16. Erreur de calcul ou l'astuce est ailleurs ?<br /> Sinon, avec près d'un an de retard, félicitations pour ton parcours !!!<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> bonjour Didier!<br /> <br /> <br /> Ton message me laisse penser que tu es un des participants de l'édition 2011, je me trompe?<br /> <br /> <br /> J'ai bien 16 fiches au total en effet. Le fait est que les membres du comité de lecture ne lisent pas tous au même rythme. Quand j'ai demandé les fiches en février dernier, 14 l'avaient rendu et<br /> c'est sur ces fiches que j'ai calculé ma moyenne provisoire et ainsi pu me faire une idée de ma note globale. Les deux autres fiches, arrivées entre deux, m'ont été communiquée après la<br /> proclamation des résultats afin de rajouter les noms dans mes remerciements.<br /> <br /> <br /> Voilà, l'explication est toute bête et il n'y a pas d'astuce.<br /> <br /> <br /> Merci pour tes félicitations et bonne continuation!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Jean Depreux - Les Meurtriers de Dieu - Prix VSD du Polar
  • : Prix VSD du Polar 2010 - Le Coup de Coeur de Yann Queffelec.
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